Turquie. Libéré, le président d’Amnesty espère que la justice l’emportera pour toutes les victimes de persécutions à caractère politique

Taner Kılıç, le président honoraire d’Amnesty International Turquie qui a été libéré mercredi 15 août après plus de 14 mois derrière les barreaux, a remercié ses soutiens et a déclaré qu’il espérait que la campagne menée pour sa libération aiderait à mettre en lumière la situation des autres victimes de persécutions à caractère politique en Turquie.

Taner, dont le procès reprendra le 7 novembre, a retrouvé sa famille dans la soirée de mercredi après avoir été libéré par un tribunal d’Istanbul.

« Je pense que la campagne en faveur de ma libération a aidé à braquer le projecteur sur toutes les personnes qui ont été victimes de poursuites injustes et à caractère politique en Turquie », a déclaré Taner Kılıç.

« J’espère que la justice l’emportera et que tout le monde bénéficiera d’un procès équitable. »

Arrêté en juin 2017, Taner Kılıç a été inculpé d’« appartenance à une organisation terroriste », une accusation sans fondement. Il était accusé d’avoir utilisé une application de messagerie chiffrée appelée ByLock qui, selon le gouvernement turc, était utilisée par les membres du groupe interdit de Fetullah Gülen. Deux rapports de police et quatre analyses indépendantes n’ont trouvé aucun signe de ByLock sur son téléphone.

« Bien qu’il n’y ait pas la moindre raison à mon emprisonnement, j’ai été placé en détention durant plus de 14 mois. J’ai été emprisonné alors même que je n’ai pas utilisé ByLock. J’espère que cela n’a pas été en vain, et que la prise de conscience générée à travers le monde aidera d’autres personnes à bénéficier de procès équitables en Turquie », a déclaré Taner.

Il a également tenu adresser ses remerciements pour la solidarité internationale dont il a bénéficié.

« À toutes les personnes qui m’ont envoyé d’innombrables lettres du monde entier, des cartes venues du Canada au Japon, de la Norvège au Bénin, je tiens à exprimer ma gratitude la plus profonde », a déclaré Taner.

« Pendant que j’étais en prison, ces actions m’ont remonté le moral et rappelé l’importance de la solidarité internationale dans la lutte pour la défense des droits humains. »

« Quatorze mois derrière les barreaux, cela semble une éternité. Je me sens encore un peu sonné. Je pense que je vais prendre un peu de temps pour gérer tout cela, mais c’est la meilleure célébration de l’Aïd dont je pouvais rêver. »

Pour obtenir davantage d’informations ou organiser un entretien sur place ou à Londres, veuillez prendre contact avec Stefan Simanowitz : press@amnesty.org ou stefan.simanowitz@amnesty.org ou +44 20 7413 5566

Pour des vidéos non montées de la libération de Taner et des photos, consultez :https://wetransfer.com/downloads/5b43c630c3c40c3844ddef7161fc75ce20180815214747/ec603d7fcce2b9cfa5863dad7a9269e520180815214747/8e6fa3

Complément d’information

Taner Kılıç a été arrêté le 6 juin 2017 et incarcéré trois jours plus tard. Dix autres militants, les « 10 d’Istanbul », dont İdil Eser, directrice d’Amnesty International Turquie, ont été arrêtés un mois plus tard pendant qu’ils participaient à un atelier sur les droits humains. Huit ont été détenus pendant près de quatre mois, avant d’être libérés sous caution en octobre.

Toutes ces personnes sont inculpées d’« appartenance à une organisation terroriste », une allégation sans fondement que le ministère public n’a jusqu’à présent étayée par aucun élément susceptible de résister à l’examen.

En décembre 2017, les autorités turques ont reconnu que des milliers de personnes avaient été accusées à tort d’avoir téléchargé ByLock. Elles ont publié des listes contenant 11 480 numéros de téléphone mobile, ce qui a permis à de nombreuses personnes de recouvrer la liberté. Taner Kılıç ne figurait pas sur ces listes. Les experts pensent qu’un plus grand nombre encore de personnes ont été accusées à tort d’avoir téléchargé et utilisé l’application de messagerie.

Plus d’un million de personnes ont signé les appels d’Amnesty International demandant la libération de Taner Kılıç et des autres défenseurs des droits humains concernés depuis leur arrestation, l’été dernier. De très nombreuses personnalités, dont Ai WeiWei, Peter Gabriel et Catherine Deneuve, ont réclamé que Taner soit libéré et que les charges pesant contre lui et les « 10 d’Istanbul » soient abandonnées.

Notes aux rédacteurs

Pour en savoir plus sur l’analyse par Amnesty International des accusations portées contre Taner Kılıç, consultez : – https://www.amnesty.org/fr/documents/eur44/7331/2017/fr/